Site d’Antoine Ducommun
Accueil > Voyage en Afrique et ailleurs... > 1ère partie, le Burkina Faso > Exposition de PhotoGraphies à Benda Toega

Exposition de PhotoGraphies à Benda Toega

mercredi 8 décembre 2010, par Aduco

Vendredi matin, nous déjeunons à la table du pasteur Alidou : bouillie de riz au jus de tamarin.

Vers 8h, nous nous rendons au marché. Dans un bord de la place, nous tendons des ficelles entre de vieux pieux en bois, qui servaient autrefois à tenir le toit d’un stand. Rapidement des personnes s’intéressent à notre activité.

Dès que nous commençons à suspendre des photos à l’aide de trombones, une foule s’attroupe et les commentaires (en Moore) fusent, les rigolades suivent, attirant de ce fait encore plus de monde. Les gens ont l’air intéressés et contents. Rapidement le bouche-à-oreille fonctionne et nous devenons une véritable attraction.

Toute la journée des gens affluent, observent, se montrent du doigt sur les photos, s’exclament... Bref, personne n’est indifférent. Le matin, c’est principalement des hommes qui sont là, vers midi il y a des femmes et des vieilles, et vers 15h c’est la fin de l’école. Les enfants de tout âge arrivent alors par grappe.

Certains adultes nous demandent s’ils peuvent acheter leur portrait, et ils sont surpris lorsque nous leur répondons que l’exposition restera jusqu’à dimanche midi et qu’ensuite ils pourront emporter gratuitement leur photo. Les vieilles sont les plus volubiles, c’est qu’elles doivent connaître tous les visages du village. C’est intéressant de voir les différentes réactions suivant l’âge et le sexe. La plupart repartent après nous avoir serré la main et remerciés du fond du cœur.

À midi, nous faisons comme tout le monde ici, nous achetons une platée de Benga (haricots rouges mélangés à du riz) et de pâtes, au marché. Nous arrosons le tout d’un petit sachet d’huile, car sinon, c’est tellement sec que l’on risquerait de s’étouffer. C’est notre plat préféré en brousse, surtout pour Lilou, car c’est un des seuls qui n’a ni le goût de viande, ni de poisson séché ! Plusieurs personnes sont surprises que nous mangions la même chose qu’eux.

En début d’après-midi, c’est l’habituelle pause, alors beaucoup moins de monde passe regarder les photos. Mais vers 15h, une partie des enfants reviennent de l’école. Ils vont à vélo ou à pied dans l’exposition ! Des adultes arrêtent leur moto ou leur âne et viennent voir de plus près s’ils reconnaissent un ami. Nous, nous veillons à ce que le vent n’arrache pas les photos et de temps à autre, nous passons pour repositionner les images qui ont été tirées par des petites mains.

Certains visitent plusieurs fois dans la journée, et s’intéressent chaque fois à d’autres choses. Ce qui intéresse en premier les gens, c’est les portraits, ensuite, ils voient les autres photos d’animaux/insectes et de Bani et Dori, villes au nord du pays, de divers paysages. En fin de journée, plusieurs villageois veulent poser à tour de rôle, bien que nous leur ayons dit qu’ils ne recevraient pas la photo. Mais ils trouvent que c’est un honneur de se faire tirer le portrait !

Certains vont carrément chercher leurs femmes, leurs enfants... Plusieurs fois, nous photographions des familles entières qui se sont déplacées exprès pour !

D’autres veulent poser avec leur moto, leur zébu, ou avec les nattes en secco qu’ils sont en train de tresser. Lilou est aussi demandée pour poser avec certains !

Le reste du temps, nous sommes tranquillement assis sur un banc à l’ombre d’un arbre, nous observons les gens, leurs sourires épanouis nous réjouissent ! Quand soudain, Lilou m’appelle et me montre du doigt un homme qui arrive à vélo. Sur son porte-bagages, il y a une dizaine de cartons contenant des radios en tout genre, mais ce qui nous intéresse, c’est la pile de couvertures qui se trouve attachée sur son guidon. En effet, nous avons eu tellement froid (oui, oui, vous avez bien lu !) les nuits précédentes, que nous sautons sur l’occasion pour nous offrir le luxe d’une fine couverture en polaire. Ravis de cet achat, nous commençons de démonter notre exposition, car nous avons rendez-vous chez Pascal pour visiter son « domaine ». Avant ceci, nous profitons d’une petite douche à l’eau tiède (nous avons bien mis notre bidon au soleil toute la journée afin de nous éviter une douche glacée !), un vrai délice !

Quand nous arrivons chez notre agriculteur, celui-ci se fait un plaisir de nous montrer tout son bétail : un zébu, deux ânes, une dizaine de moutons, plein de pintades, canard et poules avec des poussins fraîchement éclos ! Nous sommes surpris de voir ses animaux en bonne santé, et un peu plus en chair que tous ceux que nous avons vus dans le reste du village. Il nous dit être très heureux et satisfait de l’aide et des enseignements apportés par Jéthro. Il nous dit lui-même que Jéthro permet d’ouvrir les yeux aux agriculteurs, mais qu’après c’est à eux de travailler, ce qu’il a parfaitement compris. Il nous explique comment il nourrit ses animaux, et nous voyons qu’il en prend vraiment soin. Même son chien n’est pas squelettique. Il lui donne à manger et le dresse pour qu’il s’occupe des moutons.

Nous trouvons qu’il a une attitude de pionnier, par rapport à ce que nous avons déjà pu voir ailleurs. Avant de le quitter pour aller souper, il nous représente tous ses enfants. Il nous dit que c’est une chance pour ses enfants de pouvoir aller à l’école, afin de leur donner un avenir meilleur, et de leur ouvrir des portes. Il nous dit espérer leur transmettre, en tant que père et agriculteur la meilleure éducation possible et les connaissances en agriculture qui leur seront utiles s’ils reprennent plus tard le domaine.

Nous soupons tôt, car Alidou doit partir à 18h à l’évangélisation. Au menu : pois de terre et riz. Ensuite, nous rejoignons notre tente afin de mettre par écrit notre journée bien remplie. Nous espérons passer une bonne nuit au chaud sous notre nouvelle couverture !

Samedi, deuxième jour d’expo

Samedi matin, nous déjeunons (riz et sauce à la pâte d’arachide, huile et poudre de poisson séché) et échangeons quelques idées au sujet du CFA avec le pasteur Alidou. Vers 8h30, nous revoilà au marché à suspendre les photos. À nouveau quelques personnes nous suivent de près, mais la matinée sera plus calme. C’est vers 11h que les premiers groupes d’enfants sortent de l’école.

Ils arrivent par petit groupe, à pied ou à 2 sur un vélo. Il porte leur sac (ou ce qu’il en reste !) et leur « tupperware » avec les restes du déjeuner. Ils se montrent du doigt sur les photographies et lorsqu’un s’exclame, tous les autres accourent pour voir !

Comme ils sont pour la plupart trop petits et que les images se balancent à cause du vent, ils les tiennent avec leur main, et parfois les arrachent sans faire exprès. Du coup nous courrons d’une place à l’autre pour éviter que les photos, déjà pleines de traces de doigts, ne finissent pas par terre dans la poussière !

Nous devons nous frayer un chemin au milieu de la masse d’enfants qui grossit de minute en minute. Un peu après midi, les enfants continuent d’affluer et ils sont bientôt une centaine à regarder les photos, et les photographes ! En effet, nous sommes assis sur notre banc et une centaine de paires d’yeux nous fixent. Ils sont presque sur nos genoux, et nous examinent sous toutes les coutures. Au bout de quelques minutes, nous sommes presque gênés par tant d’attention, mais comme ils ne font pas mine de vouloir bouger, nous les laissons faire ! Seul Razac (un des enfants de la famille du pasteur) fait le pitre et bavarde en faisant rire les autres enfants. Comme il parle en Moore, nous ne comprenons rien, mais nous rigolons avec eux !

En cours de journée, nous avons vu plusieurs personnes repasser pour s’observer et regarder plus attentivement l’ensemble des images.

Le bouche-à-oreille a fonctionné à merveille, toute une délégation de Peuls habitant à 2km du marché arrive. Les jeunes filles et femmes ont des visages magnifiques, avec leurs colliers de perles et leurs boucles d’oreille.

Mais lorsqu’Antoine s’approche pour leur demander s’il peut les photographier, elles partent en courant, apeurées ! Nous demandons alors à un homme de leur expliquer que nous ne les prenons pas en photo sans leur accord, mais elles n’osent quand même pas revenir, dommage. Beaucoup de vieux viennent nous remercier avec reconnaissance et nous disent des « Ya Soma » (c’est bien) et des « Barka » (merci) toutes les deux phrases. À un moment, un groupe de vieilles parcourent l’expo et leurs exclamations ainsi que leurs éclats de rire sont tels qu’ils sont contagieux. Nous rigolons donc de les voir si joyeuses, même si nous ne comprenons rien à leur commentaire en Moore !

Dimanche, dernier jour de notre exposition de photographies.

Après le petit-déjeuner, nous décidons de faire une petite sieste sous la tente, afin de rattraper les quelques heures perdues à cause du froid de ces dernières nuits. Vers 9 h et demie, nous repartons vers la place du marché pour suspendre une dernière fois nos photographies. Aujourd’hui, le vent souffle un peu plus fort que les jours précédents, les tirages se balancent et nous devons à plusieurs reprises en ramasser quelques-uns qui se sont envolés. Comme c’est le jour du marché, des gens de l’autre côté du village qui viennent s’approvisionner visitent pour la première fois l’expo. Les vieilles sont toujours les plus bavardes, tandis que les vieux regardent en silence. Comme il n’y a pas école aujourd’hui, les enfants sont assez nombreux à parcourir en tous sens les rangées d’images.

Vers 11h, nous décidons de distribuer les premières photographies. Rapidement, la demande devient ingérable, les enfants plus particulièrement veulent leur photo et celles de toute leur famille. Nous devons calmer les plus turbulents. Une femme peule s’occupe de prendre toutes les images de sa tribu. Les gens sont reconnaissants, ils nous gratifient de larges sourires et de poignées de main chaleureuses. Nous espérons avoir fait des heureux. Nous, en tous cas, sommes les premiers heureux de cet échange.

Vers 14h nous retournons à la tente. Sabine (une nièce, nouvellement venue agrandir la famille du pasteur) nous invite pour le repas. Nous passerons la fin de la journée à nous balader cette fois librement dans le marché. Nous achetons deux belles pastèques que nous partagerons, pour les 4h, avec toute la famille. Quand on les commande, la vendeuse nous dit d’un air très sérieux que ça sera très cher… 1000 CFA pour les deux pastèques (2,50 frs) !!!

Lundi matin, nous nous levons assez tôt afin de préparer nos sacs et de vider la tente. Nous partageons notre dernier déjeuner avec le Pasteur Alidou. Nous le remercions beaucoup pour son hospitalité. Nous passons au marché dire au revoir à Sabine qui tient le stand de nourriture. Beaucoup de villageois nous souhaitent bonne route et nous remercient encore une fois pour les photos. Nous partons à pied en direction du CFA.

Une demi-heure plus tard, nous sommes arrivés. C’est incroyable comme le fait de nous repérer en brousse, qui nous paraissait inconcevable il y a quelques semaines, ne nous pose presque plus de problèmes. Arrivés au CFA, nous faisons un petit tour des lieux et prenons quelques photos de l’avancée des travaux pour envoyer en Suisse.

Mady arrive à l’heure convenue et nous repartons en direction du village pour un comité Jéthro avec les paysans de Benda Toega.

Il faut définir un comité pour la gestion de la banque de céréales qui est en train d’être construite au CFA. Les discussions se passant entièrement en Moore, nous laissons Mady gérer les palabres, ce qu’il fait très bien en tant que coordinateur.

Nous finissons par une petite photo de groupe avec les paysans présents.

De retour à Ouaga, nous nous cuisinons une platée de spaghettis avec une bonne sauce tomate maison (sans huile). L’après-midi nous prenons une bonne douche, nous nous reposons et en fin de journée, nous partons au cyber relever nos e-mails.

Portfolio

©2003-2024 Aduco.ch - Antoine Ducommun - N'hésitez pas à me contacter si vous souhaitez utiliser une photographie.
Plan du site | | Contact | RSS 2.0

SPIP